Curiosités lisboètes

On raconte qu’autrefois, les marins qui avaient bravé les hautes mers en direction du Brésil, ramenaient avec eux des perroquets, très familiers de ce pays. De retour, c’était alors une grande fierté d’exposer à la porte de leur maison ce magnifique oiseau exotique aux plumes chatoyantes : il était la preuve vivante qu’un des occupants était un marin chevronné et courageux.

Aujourd’hui, cette importation est bien sûr interdite… mais la tradition perdure grâce aux serins qui prennent l’air dans des cages accrochées aux fenêtres des quartiers populaires d’Alfama et de la Madragoa.

Les fenêtres garnies de vêtements en train de sécher font partie des décors familiers des rues médiévales de Lisbonne. Chemises, serviettes, T-shirts, bien alignés comme dans un défilé, sont exposés au caprice du vent et du soleil. C’est un avantage des pays du sud où le temps est souvent clément. Les femmes (très rarement les hommes !) se haussent sur un tabouret pour se pencher sur le rebord. 

Elles utilisent de grosses cordes qu’elles tendent au bout d’un bâton, ou encore un câble accroché à chaque coin de la fenêtre qui roule grâce à deux petites poulies. En général, mal huilées, ces poulies émettent un bruit caractéristique bien familier ! On étend son linge de jour, quand les voisins veillent, pour ne pas se le faire voler.

Se promener dans ces ruelles permet un jeu amusant de devinettes sur les occupants. Par pudeur, on dispose les culottes dans les intervalles des autres pièces. Dans les immeubles récents, cette pratique a disparu. Espérons que le linge continuera à égayer les fenêtres lisboètes, comme un clin d’œil à la douceur de vivre traditionnelle…

Vous connaissez tous la Ginjinha. Mais connaissez-vous aussi l’Eduardino ?

La tradition raconte qu’au début du XXème siècle, une compagnie de cirque italienne vint à Lisbonne pour présenter un spectacle au Coliseu dos Recreios. Dans la troupe, il y avait un clown appelé Eduardo qui, quotidiennement, en fin d’après-midi, venait à la taverne de M. Lima pour déguster une Ginjinha. Un jour, il eut l’idée de demander un cocktail des différentes bouteilles exposées. A la grande surprise du propriétaire, le client sembla satisfait. Le mélange avait un goût agréable. Alors M. Lima eut l’idée de remplir une bouteille de ce mélange et lui donna le nom de son nouveau client ; l’Eduardino était né. Les habitués l’apprécièrent aussi immédiatement. M. Lima monta alors dans son arrière-boutique un atelier pour remplir les bouteilles et les vendre aux maisons lisboètes spécialisées en liqueurs. C’est ainsi que l’Eduardino est devenu une liqueur typiquement lisboète.

A déguster à A Ginjinha sem rival, au tout début de la rua das Portas de São Antão.

Après le terrible tremblement de terre de 1755, le Marquis de Pombal ordonna l’utilisation obligatoire de “murs à la façon de cage à oiseaux (=gaiola). 

Il s’agit de poutres en bois disposées verticalement et obliquement dont les interstices sont remplis de mortier (en général des petites pierres calcaires irrégulières, du sable et de la chaux). Ce type de construction est anti-sismique car il permet de dissiper l’énergie du séisme entre les différentes composantes de la construction.

Ces boîtes au ventre rouge furent les témoins d’une époque où les lettres étaient un moyen de communication essentiel, où les timbres s’achetaient patiemment aux guichets des CTT et où la lettre mettait du temps à parvenir à son destinataire.

Il semble qu’elles aient été importées de Londres dans les années 1880. Plus tard, en 1932, apparurent les premières cabines téléphoniques britanniques, enfin à partir des années 1960, les autocars à impériale.

«Made in England», ils furent tous les trois des icones du mobilier ou de l’environnement urbain de Lisbonne, au XXe siècle.  Il faut photographier ces boîtes à lettres devenues aujourd’hui des pièces de musée.

Linge aux fenêtres

Métro Laranjeira

Ouverte depuis décembre 2007, cette station  permet aux voyageurs qui débarquent du train (ou vice-versa), d’accéder directement au métro. Comme toutes les autres stations, la décoration s’inspire de l’environnement extérieur. C’est pourquoi l’architecte Leopoldo Rosa, qui a conçu les panneaux d’azulejos, et l’artiste plastique José Santa Bárbara, ont choisi de dédier leurs deux panneaux aux cheminots. L’un représente le personnel qui s’occupe des voies et l’autre celui de la traction. Les artistes se sont inspirés de photos du milieu du XXème siècle et de gravures qui rappellent le temps où le fleuve léchait l’ancien couvent de Santa Apolónia.

Les azulejos ont été fabriqués par la célèbre Fábrica Viúva Lamego.

La maison qui dispose d’une boutique côté rue et d’un atelier au fond, à l’abri des regards, a en effet ouvert ses portes en… 1789 ! C’est à cette date que le fondateur dénicha, dans la France en effervescence, une recette magique, encore inconnue au Portugal, pour fabriquer des bougies avec de la cire d’abeille. Le « Cereeiro do Loreto » produisait des bougies d’excellente qualité et les fournissait si rapidement qu’il devint fournisseur exclusif de la Maison Royale, du tout proche Théâtre São Carlos … et même des « Ilhas e do Brasil ». Vers 1850, les parois murales furent revêtues de vitrines en bois de teck et acajou, surmontées d’ogives en forme de flamme. C’est encore ce décor unique qui accueille aujourd’hui les clients en quête de cierges religieux ou de bougies décoratives déclinées sous toutes les formes, couleurs… et même odeurs. 

Ils sont présents partout, sur le blason, les lampadaires, souvent représentés en mosaïque bicolore sur les trottoirs, et même sur les poubelles municipales ! La légende raconte qu’ils furent, pendant des siècles, les gardiens de la cathédrale… 

C’est à cause de Saint Vincent, le saint patron des lisboètes : martyrisé sous l’Empereur Dioclétien, au IVème siècle d. C., vers Valence, son corps aurait été transporté en cachette par bateau par des Chrétiens jusqu’à l’extrême pointe Sud-Ouest du Portugal. Là, des corbeaux auraient protégé son tombeau pendant des siècles. Dans la seconde moitié du XIIème siècle, le premier roi du Portugal, D. Afonso Henriques, aurait fait rapporter son corps jusqu’à la cathédrale. Les corbeaux auraient suivi Saint Vincent…

C’est à la station de métro “Laranjeiras” (= orangers) qu’elles s’affichent sur les murs. Il s’agit d’un double procédé original (de photographie et de reproduction sur céramique) qui a été mis au point par le plasticien Rolando Sá Nogueira. Jusqu’alors, les panneaux étaient peints manuellement. Ces compositions aux couleurs chaudes réchauffent les couloirs à la dominante résolument froide et blanche. Petites ou grandes selon la perspective, entières ou coupées en deux, flottant sur un nuage bleu foncé ou entourées de feuilles vertes, les oranges « das Laranjeiras » attirent l’œil des passagers du métro.

Il y a fort longtemps vivaient en Algarve un prince chrétien et une princesse nordique. Ils étaient très heureux ensemble jusqu’au jour où le prince remarqua que la princesse devenait de plus en plus triste au point de, parfois, ne plus sortir de sa chambre. Alors, craignant le pire, le prince rassembla tout son courage et lui demanda si elle l’aimait encore…

« Bien sûr, lui répondit-elle, je t’aime autant que le jour où je t’ai épousé, mais, vois-tu, les paysages enneigés de mon pays me manquent beaucoup. Ici le soleil transforme les champs en vert ou en doré mais jamais je ne les vois blanc »… Alors, après avoir longuement réfléchi, il trouva LA solution : le prince fit planter par ses jardiniers des milliers d’amandiers autour du palais.

Un jour de février, alors que la princesse se sentait très déprimée, le prince vint la trouver et l’amena à sa fenêtre… tout était couvert de milliers de petites fleurs blanches. Des larmes de joie coulèrent sur les joues de la princesse. L’homme qu’elle aimait avait transformé la terre marron en terre couleur de neige. Selon la légende, c’est depuis ce jour qu’il existe autant d’amandiers en Algarve… et quelques-uns à Lisbonne !

Vus de loin, les dessins bicolores semblent respecter indéfiniment la géométrie des formes. 

Mais, si on ralentit la marche en observant de plus près ce tapis minéral, on découvre des variantes imprévues à ces motifs imposés. Par exemple, à l’intérieur d’un simple carré blanc se profilent ici une étoile ou une fleur, là des boules superposées, plus loin encore des formes qui s’encastrent. Ces discrètes œuvres d’art sont nées de l’imagination d’un paveur anonyme, de sa fantaisie du moment pour échapper à la routine imposée. C’est pour lui un moyen d’attirer l’attention du passant, de personnaliser son travail, de le signer même, à la façon des tailleurs de pierre du Moyen Âge.

L’œil non averti est surpris de découvrir les tapis, souvent minutieux, qui ornent les trottoirs de la capitale. Ils sont fabriqués à partir de petits cailloux blancs (calcaire) ou noirs (basalte), taillés par des spécialistes « os calceteiros ». Leur art consiste à prendre un caillou dans la paume de la main, à l’observer attentivement  pour trouver le meilleur endroit avant de  le couper avec un outil tranchant. Il est disposé ensuite autour d’un patron en bois prédécoupé qui est appliqué sur un lit de sable. Les petites pierres taillées sont assemblées le plus près possible les unes des autres, à la façon d’une mosaïque, autour de cette forme. Puis on retire le patron pour remplir la partie laissée vide avec des pierres d’une autre couleur. Les effets obtenus sont soit géométriques, soit plus contournés, ou encore figuratifs.

Ce garage à la façade élégante peut paraître moderne mais il s’agit en fait d’un bâtiment centenaire.

L’édifice a été projeté par l’architecte Fernand Touzet selon les plans Eiffel et construit en 1906-1907. A l’époque, la rua Alexandre Herculano venait d’être percée. Les éléments les plus notables sont l’harmonieuse structure métallique suffisamment large pour contenir 200 voitures, l’imposante façade de 42 mètres et les vitraux du 1er étage signés Claudio Martins. 

Alors que l’éclosion de l’automobile était encore timide, son propriétaire, l’industriel anglais Charles Bleck, apparut comme un précurseur et son initiative visionnaire fut saluée par les journaux

Le garage comprenait bien sûr des ateliers de mécanique, carrosserie, pneumatique et peinture mais aussi de forge, menuiserie, nettoyage des lanternes en cuivre et tapisserie ! Le carburant s’achetait en bidons métalliques ! Comme son nom le laisse deviner, “l’Auto-Palace” était également aménagé d’une salle de lecture et d’un salon d’exposition accueillant et luxueux où les plus fortunés commandaient une carrosserie sur mesure ! 

Depuis les années 1950, ce garage est propriété de “Auto-Industrial S.A.”  Il a été classé en 2002 par l’Ordre des Ingénieurs Portugais parmi les 100 oeuvres remarquables d’ingénierie civile du XXº siècle. A voir à l’intérieur une série de photos anciennes présentées au r/c du garage et les vitraux au 1er étage.

Vouloir pénétrer dans un musée méconnu du public oblige parfois à commencer par une démarche insolite : celle de découvrir qui en détient la clé ! Ce musée mystérieux se cache au cœur de la “Fundição de Cima”, en face du parvis du Panthéon national.

Pour l’atteindre, il faut franchir un portail militaire qui porte l’inscription 1762, puis une rampe pavée et en coude, avant de déboucher sur une cour intérieure. Il se compose d’une pièce unique qui renferme de nombreux moules de statues lisboètes. C’est en effet dans ces lieux – les ateliers de l’Arsenal de l’armée – qu’elles furent fondues ; la statue équestre du roi D. José, qui trône depuis 1775 au milieu de la Place du Commerce, releva de l’exploit car c’était la première fois qu’une entreprise de cette envergure était menée à bien dans l’Arsenal. La statue mesure 6,93 m. ! Le moule, qui se trouve lui aussi dans ce musée, est si haut qu’il ne peut être retiré de cet espace ! Il est intéressant de s’en approcher pour apprécier sa taille ; le plus simple est de s’y rendre – aux heures de bureau – et de nettoyer une vitre pour apercevoir, de l’extérieur, ces présences imposantes et muettes, sans chercher à entrer dans le musée. 

Depuis peu, on peut téléphoner au Musée militaire pour organiser une visite du musée secret…

Après le tremblement de terre du 01/11/1755, le Marquis de Pombal imposa la reconstruction du quartier bas – A Baixa – selon un type d’architecture moderne et obligea également les commerçants à s’installer dans des rues qui leur étaient désignées, en fonction des articles qu’ils vendaient. De nos jours, ces regroupements corporatifs existent encore en partie (rua do Ouro, da Prata, dos Sapateiros, dos Douradores…).

La grande place du quartier, le Rossio, devait regrouper les chapeliers. Jusque dans les années 1960, la bienséance imposait de marcher dans la rue en portant un chapeau. C’est pourquoi ce chapelier Azevedo Rua était encore très prisé au milieu du XXº par toutes les couches sociales, des ouvriers au Président de la République.

Aujourd’hui la vitrine affiche une grande nostalgie. C’est la dernière boutique survivante de ce commerce relique. Il faut y pénétrer pour ressentir cette atmosphère d’antan et admirer l’élégance des coiffes et des cannes.

Chapelaria Azevedo

Estádio da Luz

La diva du fado a vécu dans cette maison des années 1950 jusqu’à sa mort, le 6 octobre 1999. Des visites guidées quotidiennes (sauf le lundi) y sont organisées. On y retrouve avec émotion des vêtements et objets personnels, des tableaux et des décorations honorifiques qu’elle a reçues… sans oublier un piano à queue, une guitare portugaise et quelques châles noirs avec lesquels elle se couvrait les épaules quand elle chantait.

Les règles de priorité, une bien vieille histoire !        

“ANNO DE 1686 / SUA MAGEST ORDENA Q OS COCHES SEGES E LITRAS QUE VIERAM DA PORTARIA DO SALVADOR RECUEM PA A MESMA PARTE”.

Traduction: Sa Majesté ordonne que les carrosses, voitures à cheval et litières (tirées par deux chevaux, un devant et un derrière) qui viennent  de l’entrée du Couvent du Sauveur, reculent d’où ils viennent.

Cette plaque se trouve au milieu de la rua do Salvador, très exactement au numéro 26. Cette étrange pierre sculptée est enchâssée dans un mur, à hauteur d’homme : à y regarder de près, il s’agit d’une plaque de circulation du XVIIº siècle ! Comme la circulation s’écoulait dans les deux sens, lorsqu’un attelage y pénétrait, le cocher ne voyait pas si l’autre extrémité était libre ou encombrée par d’autres chevaux car cette rue a la fâcheuse particularité d’être fort étroite et… en coude ! Pour compliquer encore la tâche, le côté sud de ce “boyau” débouchait près du “Convento do Salvador”, un des plus riches couvents à l’époque. La circulation (à cheval !) était si intense qu’il fallut la réglementer pour éviter les continuelles disputes. Cette plaque obligeait donc les attelages venant du couvent à reculer pour laisser le passage.

Bibliothèque de l’Armée

Découvrir la « Livraria dos Paulistas » relève du jeu de piste ! Elle se cache au 1er étage du Couvent dos Paulistas. Sa situation obéit, comme à Mafra, aux canons de l’époque : les salles de lecture et d’études devaient être isolées dans la partie haute et accessibles uniquement par une petite porte. La salle est spacieuse, bien éclairée, les hauts murs de 9,50 m. sont tapissés d’étagères en bois de châtaignier richement travaillé. Elle renferme environ 14.300 volumes dont certains datent du XVIº et du XVIIº siècle : une « Cosmographie » de Sebastien Munstero (1550), le « Théâtre du monde ou Novel Atlas » raturé par l’inquisition (1648)… Adressez-vous au sympathique M. Carlos Cid. Il vous montrera religieusement quelques-uns de ces trésors. Depuis 1837, elle est à la charge de l’Armée et, actuellement, la seule qui soit ouverte au public.

 

Bibliothèque de l’Académie des Sciences

Voici une bibliothèque presque inconnue et pourtant étonnante par ses dimensions exceptionnelles et par la qualité des volumes qu’elle renferme. Elle se trouve, ici aussi au 1er étage, dans l’ancien Convento de Jesus da Ordem Terceira de São Francisco, répartie sur trois pièces différentes : l’immense Salon Noble et la petite salle de lecture attenante, toutes deux couvertes d’étagères et de balcons en bois sculpté, et une dernière plus moderne. Y sont conservés, bien sûr, les documents de l’ancienne et inestimable bibliothèque du couvent. Elle contient entre autres 3.000 manuscrits arabes, hébraïques, portugais et espagnols, des livres précieux comme « O livro de Horas da Condessa de Bertiandos (XVIº), « O Livro dos Brasões », « O Livro das Armadas » (1563), l’incunable “Biblia Magunti » (1462) et la première édition de « Os Lusíadas » (1572). Le plus incroyable, c’est que bon nombre de ces originaux sont pour le moment encore consultables à condition de revêtir des gants prêtés pour l’occasion !

 

Le rôle de cette bibliothèque ne se limite pas à la conservation des vieux écrits. Elle a également pour mission de conserver tous les articles, textes, et livres publiés récemment au Portugal dans le domaine des Sciences et Humanités.

Le Vicomte José de Alvalade, un des fondateurs du “Sporting Clube de Portugal”, avait déclaré : « este será um clube tão grande como os maiores da Europa »… Son souhait a été réalisé puisque le club compte aujourd’hui environ 5.000 athlètes qui pratiquent 21 modalités différentes. Un premier stade a été inauguré en 1956 ; y eurent lieu plus de 2.300 jeux. Comme les conditions acoustiques sont excellentes, des chanteurs de grand renom s’y produisirent fréquemment.

Démoli aujourd’hui, le « vieux » stade a laissé la place à un nouveau, juste à côté. L’architecte en chef – Tomás Taveira – a imaginé une couverture verte, soutenue par quatre énormes mâts de 65 m. de haut. Si la couleur dominante est celle du club – verte et jaune – l’ensemble est très coloré, en particulier les sièges et les murs. Sa capacité est de 52.000 places couvertes. 

Autour de cet espace central sont disposés un centre commercial, un health-club, 16 cinémas « millenium », une des plus grandes surfaces de bowling d’Europe, une clinique spécialisée dans les lésions sportives, un centre d’escalade… 

 

Le stade a été inauguré le 6 août 2003 avec le match Manchester United / Sporting, ce qui a permis de détecter des failles dans l’organisation. Par suite du peu d’ensoleillement, de la chaleur estivale très forte et de la mauvaise ventilation à l’intérieur du stade, des champignons microscopiques rongèrent la pelouse. Après cinq matchs seulement, il fut décidé d’enlever l’herbe et le sable dont le grain était trop gros. On fit appel à la même entreprise espagnole qui s’était chargée avec succès de l’installation de la pelouse du stade du Real Madrid ; pour un coût de 700.000 euros, furent étendues une nouvelle couche de sable plus fin, des fibres synthétiques entrelacées très serrées, et par-dessus, des bobines d’herbe naturelle qu’il fallut dérouler, allonger et coudre mécaniquement. 

Après cinquante ans d’existence, le “vieux” Estádio da Luz a laissé la place à un nouveau « ninho das águias ». Son architecte en chef – l’australien Damon Lavelle – n’en est pas à son coup d’essai puisque c’est lui qui a dessiné le stade olympique de Sydney. Il a conçu la nouvelle cathédrale du Benfica avec des grands arcs et des colonnes d’acier, dans un style sobre et des tonalités rouges et grises. La capacité est de 65.000 places couvertes. Les gradins sont ici plus obliques et les sièges « rouge Benfica ». Deux écrans géants sont accrochés derrière les buts.

Pour ne pas renier son nom (« luz » = lumière), la couverture translucide laisse passer la luminosité naturelle et donne une impression de légèreté. Autour du stade sont disséminés 156 loges pour les entreprises et une présidentielle, une zone V.I.P., des installations sportives très variées, deux health-clubs, des espaces spécialement dessinés pour les handicapés, et aussi un megastore, 55 bars, deux restaurants panoramiques, enfin, le musée du club, dans la partie Est.

Ce stade est également bordé d’une route circulaire. Sous la pelouse sont cachées 1.410 places de parking sur trois étages.C’est dans ce stade que s’est disputée la finale de l’Euro 2004, le 4 juillet 2004.

L’origine de ce surnom attribué aux habitants de Lisbonne est incertaine. Certains affirment que ce qualificatif proviendrait de leur goût prononcé à manger de la salade (= alface), ou encore de leur habitude à se rendre dans la campagne environnante (= “ir às hortas arrabaldinas”) pour profiter de la fraîcheur et du calme.

D’autres prétendent que l’aspect délicat des feuilles de salade était comparé au XVIIIº siècle à la façon de s’habiller et de vivre des élégants (encore appelés “janotas”), à la fois indolents et affectés dans une cour pacifiste et formaliste.“Alfacinha” (= petite salade) prit alors une connotation péjorative.

Par la suite, il s’appliqua à tout citadin, en opposition au provincial, plus rustre dans ses manières. Enfin, à partir du XXº siècle, et encore aujourd’hui, il qualifie indifféremment les Lisboètes.

Si en France le métier d’herboriste a pratiquement disparu au profit de celui de pharmacien, au Portugal les herboristes continuent légalement de pratiquer cette science basée sur la tradition. Du nord au sud du pays, certains villageois ramassent et sèchent les feuilles, tiges, racines, tubercules, fruits, fleurs et graines, selon leurs propriétés respectives. Puis ils les revendent à des grossistes qui les conditionnent. La plus ancienne «Ervanária» de Lisbonne, celle du Largo da Anunciada (Restauradores) existe depuis 1793 ! Deux autres, dans la rua da Madalena, étaient tenues par la même famille. On peut y acheter les fameux «Rebuçados peitorais 1793» contre la toux. Un prospectus vous sera offert pour vous guider dans votre choix. Un conseil qui ne me semble pas sérieux : demandez à voir les «Pepinos-de-são-gregório», de petits concombres baignant dans l’alcool qu’il suffit de respirer pour guérir de la sinusite…ou encore des bâtons d’encens (cf. photo) pour résoudre vos «casos impossíveis» et vos «casos amorosos» !!

Trêve de plaisanterie, la consommation de ces produits naturels tend à augmenter au détriment des produits synthétiques vendus en pharmacie.

Il n’y a pas bien longtemps encore, les grand-mères gardaient précieusement les pantalons et les chemises de grosse toile de leur mari, même fort usagés.  La ville était loin, les communications difficiles, rien ne devait être gâché… Durant les longues soirées d’hiver, assises devant l’âtre où elles se réchauffaient, elles tricotaient, faisaient de la broderie ou du crochet ou confectionnaient ces fameux chaussons pour toute la famille.

Ceux-ci sont originaires de la région de Guarda et sont en vente Largo da Olaria, dans une droguerie de la Mouraria, au prix de 2,95€.

Ces lambris décoratifs de style Art Nouveau qui décorent les murs de certaines boulangeries sont des témoins silencieux du début du XXº. Á l’extérieur, ils permettaient  d’attirer l’attention du client et annonçaient les produits en vente à l’intérieur. L’esthétique nouvelle (la forme arrondie des dessins, les couleurs chaudes, la brillance des murs) étaient synonymes de modernité. C’était également pour le client l’assurance de la propreté des lieux puisqu’ils étaient d’un entretien facile. 

Ces intérieurs Art Nouveau sont généralement assortis d’un plafond en stuc travaillé et d’un comptoir en bois avec un dessus en marbre. Les azulejos de la photo proviennent sans doute de la fabrique de faïence de Caldas da Rainha.

Mais ces quelques boulangeries à l’odeur rurale sont des miraculées en voie de disparition qu’il faut photographier rapidement…

Encore appelé “Palácio das Campaínhas” à cause des clochettes en verre qui pendent d’une volière du jardin, cet élégant édifice remonte à 1840. La Baronne da Regaleira en était la propriétaire. Façade revêtue d’azulejos et d’un fronton simulant le soleil.  L’intérieur conserve des peintures et des céramiques des trois frères et soeur Bordalo Pinheiro. 

La mairie de Lisbonne, actuelle propriétaire, y a installé une agréable bibliothèque consacrée à la capitale.

Palais Beau-Séjour

Les cireurs de chaussures

Cette maison cachée derrière des échafaudages, oubliée de tous, est la maison natale de ce grand olissipographe. Laissons le parler :”Ici, dans ce petit coin de la fondition – c’est comme cela que l’on désigne ce lieu – si modeste, si “Alfama d’en haut” j’ai raison de m’arrêter quelques instants. Dans cet immeuble qui fait le coin – un palais de la fin du XVIIème siècle, au rez-de-chaussée qui est plus humble, se sont déroulées ma première enfance et ma jeunesse. C’est ici que mes parents se marièrent et que mes grands parents vivèrent cinquante ans… Tout Lisbonne, finalement, est une “Saudade”. Même ceux qui n’ont pas de toit pour mourir, dans une humble maison ils sont nés un jour”. (Peregrinações em Lisboa, livro VIII).

Situé devant la gare Santa Apolónia, voici un des derniers abreuvoirs en fonte offerts à la mairie, en 1882, par Júlio de Andrade qui fut Directeur de la Banque du Portugal, et un des membres fondateurs de la Société Protectrice des Animaux. 

Il acheta même une fourgonnette pour secourir les animaux dans la rue. 

Sur le panneau, on peut lire cette recommandation : 

« Ayez de la compassion pour les pauvres animaux qui vous aident à vivre ».

 De nos jours, l’eau du robinet étanche la soif des passants… bipèdes ! 

Il en existe un autre Praça Principe Real.

Depuis quelques années, la quiétude du jardin botanique est troublée par les cris perçants d’une colonie de grosses perruches aux couleurs vives, sans doute échappées de captivité. Elles volent toujours haut et vite, sont très bavardes, méfiantes et malignes. Au petit matin, elles s’installent dans les palmiers ou les orangers des jardins. Avec leur bec pointu et beaucoup d’habilité, elles percent un petit trou dans la peau des oranges et se régalent… 

Cette perruche a accepté de poser dans les branches d’un avocatier. 

La figure typique du cireur de chaussures apparaît dans tous les romans classiques, chez le barbier ou au café, au Rossio, Praça da Figueira ou au Chiado.

C’est une habitude comparable à celle de se faire la barbe, toujours mieux faite que chez soi. Habitués ou gens de passage, tous apprécient « o jeito, o toque e a conversa ».

La Mairie de Lisbonne cède aux cireurs de chaussures un emplacement fixe en échange du paiement mensuel d’une taxe (« licença »). Un tabouret, des boîtes de cirages achetées juste à côté, au Poço do Borratém, des brosses et des chiffons, c’est tout l’investissement dont ils ont besoin. Le prix varie suivant le type de chaussures.

Lisbonne est sûrement une des dernières capitales à posséder encore de grands lavoirs en fonctionnement dans les quartiers populaires, comme à Alfama ou à la Madragoa.

La lavandière fort âgée de cette photo (plus de 80 ans !) est originaire d’Ovar, au sud de Porto (d’où le nom « ovarina, O Varina, varina » = marchande de poisson). Elle est la cadette de 9 enfants et la seule survivante. Elle a vécu toute sa vie ici, à la Madragoa, où elle était « varina » et aussi lavandière. Aujourd’hui, elle ne peut plus laver les lourdes pièces de tissus ou les tapis, seulement les carpettes. 

Les Varinas ne sont plus que quelques-unes en activité, mais elles restent immortalisées par les poètes et les artistes ; le 12 juin au soir, durant les fêtes de Lisbonne, ce sont elles qui symbolisent le quartier de la Madragoa : elles défilent pieds nus sur l’avenida da Liberdade, pendant les marches populaires, le panier en osier posé sur la tête.

C’est dans l’étroite et courte rua do Olival (presque en face du Musée d’Art Ancien) qu’a eu lieu cet évènement  peu banal : trois voisines avaient décidé de fleurir leur façade alors que la circulation s’écoulait dans les deux sens. Comme très souvent les voitures frôlaient de trop près les maisons, les pots disposés contre le mur étaient invariablement écrasés…

Le spectacle était si triste que la mairie du quartier fut sensibilisée à ce problème. Alors, par une belle journée, des bornes furent installées pour barrer la rue.  La vie devint soudain paisible dans la petite rue, même si ces vieilles dames peinent à déplacer cette collection de pots de toutes formes quand il faut repeindre les murs. Malheureusement l’une d’elle, celle qui habite au premier étage (cf la photo), est en ce moment hospitalisée ; alors, ses chères plantes sont mortes de soif parce que « o marido não liga »…

Cette ruelle, la Travessa da Peixeira, située dans le bas de la rua São Bento et au pied de l’Assemblée de la République, a la particularité d’être en pente et de se terminer par un escalier. Une dame à la main verte, rapidement suivie par ses voisines, eut l’idée de fleurir le pas de sa porte et d’installer des jardinières au milieu de la petite rue, juste en-dessous de la rambarde. 

Mais voilà… les plants de tomates, les ficus, les hortensias, les fougères, les lierres, les arbustes de toutes sortes grandirent et gênèrent les personnes âgées pour s’agripper à la rambarde. La Police municipale vient d’intervenir pour calmer les esprits en reculant les plantes les plus hautes contre le mur des maisons… La lutte dans la ruelle des marchandes de poisson a été évitée de justesse !

Avant l’apparition et la généralisation des frigidaires, la solution la plus simple pour conserver le lait était… de garder les vaches à portée de main ! C’est ainsi que jusque dans les années 1920, à Lisbonne, chaque laiterie cachait au fond de la boutique une ou plusieurs vaches que l’on trayait matin et soir. 

Les enseignes en azulejos nous rappellent cette époque révolue.

Autrefois, une multitude de marchands ambulants circulaient dans les rues de la capitale en poussant des cris stridents avec la voix ou avec un sifflet. Chaque petit métier avait un signal sonore caractéristique qui permettait aux habitants de savoir qui passait dans la rue sans être obligés de se pencher à la fenêtre. Aujourd’hui, très peu ont subsisté. On entend encore, mais très rarement, le sifflet estompé par le bruit de la circulation, du ramoneur ou du rémouleur ambulant, comme sur la photo : il aiguise les couteaux et les ciseaux avec sa meule et souvent répare aussi les parapluies.

Une étrange campagne circule dans la ville par le biais de feuillets distribués dans les lieux publics et les mairies de quartier : 

Se gosta dos pombos, colabore, não os alimente…

Si vous aimez les pigeons, collaborez,  ne leur donnez pas à manger…

Ce prospectus affirme que les nourrir contribue à la reproduction excessive de l’espèce et que la Mairie se charge de leur fournir quotidiennement des aliments en doses calculées (30 g. par animal) ; elle ajoute des contraceptifs oraux en période de reproduction.

De plus, elle met en garde, surtout les enfants et les personnes âgées qui sont ceux qui approchent le plus les pigeons, de la possibilité de contracter une maladie transmise à leur contact.

Lisbonne possède de très belles crèches baroques imaginées sous le règne du roi João V par deux sculpteurs célèbres : Machado de Castro et António Ferreira. À découvrir à la Fundação Ricardo do Espirito Santo Silva (Largo das Portas do Sol), au Museu Nacional de Arte Antiga (rua das Janelas Verdes), au Museu Nacional do Azulejo ou encore dans la Basílica da Estrela (Praça da Estrela), derrière le tombeau de la reine D. Maria I. Cette dernière, restaurée récemment, est la plus somptueuse.

Le rémouleur ambulant

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